Les emplois de l’agroalimentaire souffrent. La CFDT appelle au contrôle des entreprises sur l’utilisation du crédit d’impôts compétitivité emploi.
Obtenir du patronat qu'il fasse réellement participer les salariés à la stratégie des entreprises, et donc à leur propre avenir, c'est un des thèmes majeurs de la CFDT dans le secteur de l'agroalimentaire. Un secteur qui est très présent dans le nord des Deux-Sèvres avec 5.000 emplois environ et des poids lourds nationaux comme Maïsadour-Delpeyrat, Bonduelle, LDC-Marie, Bongrain, Terrena-Gastronome, Lactalis-Riblaire… « Ces groupes qui fusionnent les uns avec les autres, à celui qui deviendra le plus gros, réalisent de gros profits au détriment de l'emploi et des employés », résume Annick Hérault, UD-CFDT.
« Leur réussite financière dépend de l'argent public : abattement Fillon de 22 % sur cotisations sociales, et le Crédit d'impôt compétivité emploi (1.000 € par salarié chez LDC par exemple. Or, ils se restructurent et les conditions de travail se dégradent.
Et, à la fin, les salariés sont mis devant le fait accompli : le licenciement comme pour Delpeyrat-traiteur, à Thouars. »
Où en est le suivi du Cice ?
A l'Union régionale CFDT, Bernard Giret souligne que « le Medef a signé pour le crédit d'impôt compétitivité emploi (Cice) » en s'engageant sur quatre critères : investissement, recherche, formation et emploi. « Certains le font et tous les chefs d'entreprise ne sont pas dans le Medef car ils restent attachés aux territoires. Mais pour les autres, il faut arrêter le double discours : il faut des contrôles. Or, le préfet Lambert avait annoncé le suivi du Cice mais il est parti. » Sophie Gilbert, elle, se souvient des « badges patronaux annonçant un million d'emplois en contrepartie du Cice. Ces emplois, ils sont où ? »
La " fabrique " des handicapés
Selon le syndicat, dans ses usines de transformation, en raison des cadences et du stress, la filière agroalimentaire « fabrique » des handicapés. « La région a le record des troubles musculo-squelettiques », note Bernard Giret. « Et aujourd'hui avec la technique du "lean " qui implique et culpabilise le salarié, on court aux risques psychosociaux. » Dans ce constat peu réjouissant, la CFDT mise sur « l'encouragement vers les nouveaux modes de consommation, les circuits courts locaux et la recherche de la qualité des produits ». Mais là, pour créer 5.000 emplois, ce n'est plus de la prévision, mais du futur…